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  • Guibert TERRIAT

La thérapie des schémas c’est quoi ? - Partie II

Dans cet article nous allons aborder la notion de stratégie. Les vôtres, celles qui se crée à mesure que vous évoluez et qui en partie, participe au maintien des schémas parfois inadaptés ou gênants.


Commençons par une petite définition. La stratégie peut être considérée comme un « ensemble d'actions coordonnées, d'opérations habiles, de manœuvres en vue d'atteindre un but précis».


Comme pour les schémas, il n’y a pas de bonne ou mauvaise stratégie. Certaines sont issues d’un contexte familial ou culturel, d'autres sont choisies par l’individu. Les stratégies sont une forme de schéma à tendance d’action. Le but pour le patient est de s’adapter à son environnement.


Prenons un exemple à partir de la stratégie du Surcontrôle émotionnel.


Une personne avec de hautes responsabilités dans une entreprise adopte cette stratégie pour ne pas se laisser perturber par ces émotions lors d’un choix difficile comme un recrutement. Cela ne veut pas dire que cette personne est une personne froide ou extrêmement rigoureuse mais simplement, que selon elle et dans cette situation c’est la meilleure posture à adopter. Partant de là, ce qui intéressera particulièrement le thérapeute, ce sont les stratégies inadaptées ou gênantes pour le patient. On remarque souvent qu’elles sont à l'opposé des schémas. L’objectif pour le patient est de ne pas ressentir leur pénibilité, repenser aux événements qui les ont produits ou se retrouver dans des situations similaires.


Pour comprendre cette opposition, il faut avoir en tête qu’un schéma, et tout ce qu’il comporte comme élément, est quelque chose de subit par un individu. La stratégie quant à elle est un choix conscient dans un premier temps et qui parfois avec le temps, est oubliée mais restant bien active de façon inconsciente. C’est souvent en comprenant les raisons initiales de la mise en place d’une stratégie qu’il est possible de trouver des solutions.


Par exemple, vos parents vous ont abandonné ou battue. En conséquence le schéma de méfiance/abus se met en place (c’est une possibilité parmi d’autres). Adulte vous pensez que les personnes que vous côtoyez peuvent vous faire du mal et ce de façon volontaire. Si ce schéma est présent, c’est que petit et donc sans défense vous avez subi cette violence.

Donc si la stratégie est le contraire, on peut par exemple trouver la stratégie de la recherche d’approbation et de reconnaissance pour contrebalancer le schéma initial. Les pensées et comportements pourraient alors prendre la forme suivante : « je ne suis pas celui que l’on frappe » « Je suis celui qui domine, je suis le plus fort ». « Je suis celui qui mérite d’être aimé, celui qu’il faut soutenir car il en vaut la peine, pas celui que l’on abandonne ».


Dans l’idée d’opposition, le choix de cette stratégie paraît cohérent pour le patient. Cela lui évite de vivre des situations similaires.


Dans la pensée automatique « je suis celui qui domine, je suis le plus fort », cela lui permet d’avoir des postures défensives face à des individus qu’il juge menaçant. Il montre et cherche à prouver qu’il n’est pas faible.


Cependant s’il oublie la raison qui l'a poussé à adopter ce comportement, il gardera cette attitude dans tous ces rapports aux autres alors que rien ne lui prouve qu’il revive son schéma. Ainsi dans une relation amoureuse par exemple, dans une situation ou son/sa partenaire serait en désaccord avec lui, Il adoptera cette même stratégie alors que encore une fois, rien ne prouve qu’il est dans une situation d’abus ou qu’il a des raisons de se méfier.


C'est pourquoi le thérapeute prendra soin de comprendre vos stratégies, ces tentatives d’adaptation, cette recherche inconsciente de satisfaction des besoins affectifs fondamentaux. il interrogera l’intérêt que vous leur apportez : sont-elles adaptées, efficaces, quelles conséquences ont elles sur vous ou votre environnement, pour comprendre en quoi elle vous aide dans votre quotidien.


Prenons un exemple pour comprendre ce questionnement thérapeutique : nous partons du principe que vous avez une stratégie d’assujettissement (définition : être en état de dépendance, soumission) lorsque vous êtes face au proviseur de votre enfant, votre comportement est guidé par le sentiment de devoir exécuter les demandes du proviseur, sans discuter et ce même si ses demandes n’ont aucun sens éducatif.


Mais alors, pourquoi cette stratégie ? :


Avez vous peur que votre enfant soit rejeté de l’école ? (répondant à un schémas d’abandon/instabilité)

Vous avez honte de lui et de ces résultats ? (en réaction à un schémas d’imperfection/honte)

Vous sentez-vous incompétente dans son éducation ? (échos d’un schémas d’échec)

Ou cherchez-vous à vous faire aimer ? (en opposition à un schémas de manque affectif).


La compréhension des stratégies permet de comprendre quelle attitude vous adoptez face à une situation en résonance avec votre vécu.


Développons cette notion de résonance du vécu par un exemple : le contexte ici est une discussion entre un thérapeute et son patient.


Thérapeute : Pourquoi avez vous été si dure avec votre enfant ?
Patient : eh bien c’est ce que j’ai appris.
Thérapeute : c'est-à- dire ? Vous avez appris cela où ?
Patient : dans ma famille les émotions ne sont pas exprimées car elles sont perçues comme une marque de faiblesse.
Thérapeute : si je comprends bien enfant vous n'exprimiez pas vos émotions c’est bien cela ? Patient : oui
Thérapeute : et lorsqu’une émotion se faisait tout de même forte, quelle pensée aviez-vous à ce moment ?
Patient : je ne la montrais pas, je me disais « si je pleure on me le reprochera » « je dois être comme les autres ». Par exemple face à ma mère elle m’aurait dit qu’elle ne me comprend pas et m'aurait punie car c’était un caprice.
Thérapeute : Quand vous dites comme les autres pouvez-vous m'en dire plus ? Qui sont ces autres ?
Patient : bien mes frères et sœurs.

Nous pouvons identifier 3 stratégies de ce vécu.

Dans l’ordre, la stratégie d’idéaux exigeants/critiques excessive, la stratégie du Surcontrôle émotionnel et enfin la recherche d’approbation et de reconnaissance.


- idéaux exigeants/critique excessive

Cette stratégie a pour origine le contexte familial du patient, les stratégies pouvant revêtir un caractère héréditaire. Il est mal vu dans cette famille d’exprimer ses émotions, identifiées comme une marque de faiblesse. On comprend aisément les exigences attendues tant pour le patient envers son enfant que pour le patient vis-à-vis de ses parents. Le patient à donc adopter les mêmes comportements et stratégies que ses parents.


- Surcontrôle émotionnel

Parce que les stratégies répondent parfois aussi à une suite logique dans leur apparition et leur maintien, le Surcontrôle émotionnel du patient est la conséquence de la stratégie dominante de sa famille. C’est donc un choix du patient pour faire correspondre son comportement avec les moyens dont il disposait ( il était enfant ) pour répondre aux attentes familiales. Rappelons-nous des termes de la définition « ensemble d'actions coordonnées, d'opérations habiles ».


- Recherche d’approbation et de reconnaissance

L’objectif final du patient, on le rappelle ici, est d’atteindre un but. Correspondre aux idéaux exigeant de sa mère/famille et d’éviter les critiques excessives. Il recherche à ce que son comportement soit perçu et validé comme celui attendu. Au travers de l’éducation de son enfant et de façon involontaire, il lui demande de faire ce que l’on attendait de lui au même âge. C’est une manière de signifier qu’il reste bien dans les attentes familiales.

Pour aller plus loin dans l’analyse, cette stratégie de recherche d’approbation et de reconnaissance pourrait être en lien avec des schémas de type peur de l’abandon ou de manque affectif. La stratégie pour rappel ayant pour finalité de ne pas ressentir la douleur des schémas.


Pour conclure

La stratégie est avant tout un choix bénéfique pour le patient, car il lui permet d’une manière ou d’une autre et ce de façon efficace, de ne pas ressentir une détresse provenant du passé. Le thérapeute et le patient auront pour mission de comprendre la stratégie, d’en retracer l’origine, les maintiens et de mettre en place au travers d’exercices pratiques des solutions qui visent à adopter des attitudes plus adaptées dans les situations gênantes pour le patient. Les stratégies mises en place dans le passé et qui participent au maintien des schémas, doivent être atténuées et renouvelées par des comportements plus adaptés au fonctionnement du sujet dans son environnement et ses relations actuelles.

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