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  • Guibert TERRIAT

Le schéma d'échec

Le schéma d'échec construit la croyance chez le patient qu'il est incompétent dans les domaines de performance. Il estime que la vie est et sera semée d'échecs dans tous les domaines. Cette croyance naît soit à la suite d'un ou de plusieurs échecs qui ont eu un effet traumatique, comme échouer à divers examens ou avoir été dévalorisé par une ou des personnes importantes pour lui. Ces personnes peuvent être ses parents, qui se montrent extrêmement critiques sans l'encourager à persévérer et lui donner les moyens d'y arriver. Un conjoint critique, estimant que tout ce qu'il pouvait faire n'était jamais assez bien ou adapté.


Ce schéma fait partie du groupe des schémas liés aux manques d'autonomie. Les personnes de ce groupe ont globalement été limitées dans leur épanouissement à cause d'un environnement familial ou social trop présent et/ou gênant. Ces limites peuvent être dues à une surprotection de l'environnement, une assistance excessive dans leur quotidien ou des exigences familiales ou sociétales excessives qui donnent le sentiment qu'ils ne feront jamais rien de bien seuls.


Maintenant, parce que ce schéma peut avoir des origines et des issues diverses, plongeons dans l'enfance d'un patient qui a eu des parents aimants, un environnement agréable et qui malgré tout avait des difficultés à s'adapter sur le plan scolaire ou aux règles de la vie commune.

À ce stade, on pourrait se dire qu'il est peut-être atteint d'une forme de TDAH (trouble de l'attention avec hyperactivité), et pourtant il n'en est rien. Les tests réalisés sont négatifs.


Le patient grandit, devient adulte, mais n'arrive toujours pas à s'adapter aux règles sociales et environnementales des adultes. Cela génère et l'empêche de sortir d'une vision très négative (d'échec) de sa personne.

Alors, pour comprendre les raisons de ce schéma d'échec, il faut s'intéresser au fonctionnement intime du patient, et c'est sur cet aspect que repose ce schéma.


Ce patient perçoit tout son environnement par un biais cognitif très fort, qui le conduit à penser qu'il fait moins bien que les autres. Même en arrivant ex-aequo dans un domaine, il se sentira inférieur (en pensant que c'est un coup de chance ou qu'il y est parvenu en travaillant beaucoup plus que les autres, par exemple).


Il rumine des idées pour justifier son raisonnement, par exemple il se dit que cela doit être génétique. La finalité pour lui est que tout ce qu'il entreprendra sera signé d'un échec. Ces échecs, justifiés ou non, le poussent à remettre en question sa valeur personnelle.


Il en vient à ne garder d'une situation que ce qui confirme ses idées et rejette le reste. Il a parfois des comportements de sabotage, dus à la peur de constater qu'il s'est trompé sur sa perception de lui. Ce qui pourrait le forcer à entrevoir, et donc prendre conscience, que ce monde qu'il a construit, à travers ses choix, le pénalise plus qu'autre chose.


Il peut aussi avoir peur de constater qu'il a bel et bien échoué sans entrave et donc que c'est peut-être lui le problème, ce qui pourrait confirmer le schéma selon lui. Dans ce cas, il ne prendra peut-être pas à juste titre la difficulté de son projet ou encore que son environnement n'a pas été favorable à sa préparation.


Dans son quotidien, le cercle vicieux qui pourrait ressortir correspond à un comportement ou des idées dans lesquels il se dit "à quoi bon" car il échouera, une forme de fatalité s'est installée. Il va donc procrastiner ou se réfugier dans des comportements addictifs (drogue, alcool, sexe, etc.), mais comme pour contrebalancer dans un acte de révolte à cela, il va travailler ou être très actif jusqu'à l'épuisement.


Il essaie par là de reprendre le dessus pour arriver à la conclusion qu'il n'est pas un échec.

Seulement, cet enchaînement se répétant régulièrement et sans possibilité pour lui de voir une issue, malgré tous ses efforts (rappelons-nous du biais cognitif), qui maintient ce schéma actif, le contraint à rejouer cette situation sans fin.


La vérité est qu'il pourrait s'agir, pour ce patient, avant tout d'un manque de confiance en soi et d'acceptation de ses forces et faiblesses. Une vision plus juste des attentes de son environnement et une prise de conscience, surtout que l'environnement dans lequel il évolue n'est pas disposé à accepter de le voir comme une personne valable et pleine de qualités.


Disclaimer :

Nous parlerons de croyance qui peut ou non être un fait avéré, plus ou moins fondé et plus ou moins justifié. Il est important de préciser qu'un schéma est une façon d'appréhender les événements futurs. Les événements qui ont permis la mise en place du schéma ont pour caractéristiques d'avoir été répétitifs et avec une intensité importante par rapport aux événements de la vie de tous les jours.


Pour finir, le schéma peut être dirigé soit contre nous, soit contre les autres. En voici une illustration :


- Contre soi : Je n'y arriverai jamais, mes attitudes ne sont pas suffisantes.

- Contre les autres : Tu ne devrais pas tenter ces études, il est évident que tu n'y parviendras pas, regarde tes résultats, ils étaient bons mais pas assez.


Vous trouverez ci-dessous une série de 10 questions pour évaluer si ce schéma est fortement présent dans votre quotidien.


Les règles d'évaluation sont les suivantes :


1 point si la phrase lue est vraie

0 point si la phrase lue est fausse

0,5 point si la phrase est vraie et fausse


Précision : il ne s'agit pas d'un test empirique testé cliniquement, bien que les phrases soient issues de tests qui le sont et que je réalise en thérapie. L'idée est de vous permettre de pouvoir comparer avec d'autres schémas et leurs 10 questions, afin d'identifier lesquels sont plus présents dans votre quotidien par rapport à d'autres.


1 - Je suis un raté, un incompétent.


2 - Je suis souvent mal à l'aise avec les autres et je ne les vaut pas en termes de réussite et de popularité.


3 - Quand je suis face à la difficulté, soit je procrastine, soit j'en fais beaucoup trop.


4 - Rien de ce que je fais au travail, sur le plan sportif, sentimental n'est aussi bien que ce que font les autres.


5 - Je suis incompétent quand il s'agit de réussir quelque chose.


6 - La plupart des gens sont plus doués que moi et réussissent plus facilement que moi.


7 - Je n'ai pas autant de talent que les autres.


8 - Je ne suis pas aussi intelligent que la plupart des gens, quand il s'agit de la performance au travail.


9 - Je suis humilié par mes échecs et mes insuffisances.


10 - Je compare souvent ce que je fais à ce que font les autres et je trouve qu'ils réussissent beaucoup mieux.

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